Presientielle au Benin : Comment le camp au pouvoir a échoué
Le peuple béninois était invité ce dimanche 20 mars 2016 pour choisir le successeur de Boni Yayi. Les quatre millions d’électeurs béninois devraient choisir entre Lionel Zinsou candidat de la coalition républicaine porté par le parti au pouvoir et Patrice Talon, candidat de la rupture. Selon les grandes tendances sorties des urnes sur l’ensemble du territoire national, le camp de la rupture serait sur le point de remporter cette élection. Comment le camp au pouvoir a perdu la bataille ?
Patrice Athanase Guillaume Talon serait sur le point de devenir le quatrième président de l’ère du renouveau démocratique. C’est du moins ce qu’on peut retenir au regard de la compilation des grandes tendances sorties des urnes sur l’ensemble du territoire national et qui devront être confirmées par la commission électorale nationale autonome (Céna). Plusieurs raisons pourraient expliquer la probable victoire du magnat du coton.
La mise en place de la coalition pour la rupture
Pour se prémunir de probables revirements spectaculaires vu la puissance de feu de Boni Yayi, le candidat Patrice Talon et d’autres candidats en lice pour cette élection se sont constitués en une coalition dite « coalition de la rupture ». L’objectif d’une telle initiative était de prendre des engagements clairs pour soutenir l’un d’eux qui passerait le cap du second tour. Si beaucoup craignaient la sincérité des uns et des autres, il faut dire qu’il a eu plus de peur que de mal. Les uns et les autres ont pu respecter leurs engagements, ce qui a permis à d’autres candidats recalés de rejoindre la barque. Conséquence, les reports de voix ont été respectés. Ce qui a permis au candidat Patrice Talon de faire des percées dans bien de zones qui n’étaient pas acquises à sa cause.
Un bilan négatif de Boni Yayi
Les concours frauduleux, la gabegie, la corruption, le népotisme et le régionalisme qui ont caractérisé les dix ans du régime changement-refondation ont pesé lourd dans le choix des électeurs béninois qui avaient déjà affiché leurs intentions dès le premier tour. On peut donc dire que le candidat Lionel Zinsou a été victime d’un vote-sanction du régime qui portait sa candidat pour ces joutes électorales. Ce qui est clair, les béninois ont opté pour la rupture alors que Zinli optait pour la continuité.
La stratégie de Talon lors du débat télévisé
En présentant Lionel Zinsou comme quelqu’un qui ne connait pas le Bénin lors du débat télévisé de ce jeudi 17 mars 2016, Patrice Athanase Talon a pris de sérieux points auprès de nombreux électeurs. Etant sorti vainqueur de ce débat, il a séduit plus d’un qui ont quitté la barque de la coalition républicaine pour rejoindre le camp de la rupture. Le pauvre Lionel Zinsou qualifié par l’opinion publique nationale et internationale comme un intellect de haut rang et un grand orateur n’a véritablement été réduit qu’à sa plus simple expression. Le Goliath a été donc battu par le petit David qui siègera sur le trône de Béhanzin.
L’acharnement de Yayi contre Talon
Le président Yayi est réputé être un excellent directeur de campagne de ses adversaires. On se rappelle qu’il s’était acharné contre Candide Azannaï. Au finish, l’homme de Joncquet est sorti contre toute attente vainqueur des législatives dans la 16e circonscription du Bénin. Pour cette élection, le président de la république n’a pas dérogé à la règle. En effet, le renard de Tchaourou a multiplié ses sorties ces derniers jours et traité le magnat du coton de tous les noms d’oiseaux. En dépit de tant d’énergies dépensées, Talon est sorti vainqueur dans plusieurs postes de vote de plusieurs communes. En dix ans de gouvernance, Yayi n’a toujours pas compris que le peuple béninois sensible à l’injustice, prend toujours parti pour la victime.